HISTOIRE DE L'IMPRIMERIE

L’imprimerie permet des tirages industriels à grande échelle et est une partie essentielle de l'édition.
La majorité des imprimeries sont équipées de presse(s) offset(s) et/ou numérique(s).
En effet, l’offset traditionnel, l’offset rotative et l’impression numérique sont les procédés les plus célèbres, mais les systèmes d'impression sont très variés suivant le type de produit à imprimer, sa quantité et la qualité recherchée.

Le développement de l'imprimerie est précédé par des nombreux essais de techniques, certaines étant toujours d’actualité (surtout pour les imprimeurs d’art).

La première forme d'impression observée a été la gravure sur bois : xylographie.
Les premiers fragments de gravure sur bois imprimés sont originaires de Chine : fleurs en trois couleurs de la dynastie Han imprimées sur de la soie (220 avant JC). La xylographie est une technique d'impression des textes et des illustrations qui a été largement utilisée dans toute l'Asie. Grâce à des logogrammes gravés dans le bois (mots entiers, parties de mots ou illustrations).

Dans les années 1040, Bi Sheng (Chine) invente le premier système connu à caractères mobiles. Le bois de la xylographie est remplacé par la porcelaine.
Cette technique va révolutionner l’imprimerie.
Bi Sheng utilisait un type d'argile qui se brisaient facilement, mais vers 1230, les Coréens ont inventé un type d'impression à caractères mobiles métalliques. Le Jikji, publié en 1377, est le premier livre connu imprimé avec ce procédé.

L’impression à caractères mobiles en cuivre a été utilisée dans l'impression à grande échelle pour les billets de monnaie émis par la dynastie des Song du Nord (Chine).

L’impression s’est répandue en Corée et au Japon qui ont également utilisé leslogogrammes chinois, mais les techniques ont également été utilisées à Tourfan et au Vietnam en utilisant un certain nombre d'autres scripts.

L’imprimerie pris son envol, au 9e siècle et au 10e siècle avec l’impression sur papier du premier ouvrage intégral, le Sutra du Diamant en 868 (un des grands textes du bouddhisme mahayana). Il porte la mention « Respectueusement imprimé par Wang Jie pour être distribué gratuitement à tous, au bénéfice de ses parents, le 15e jour du 4e mois, 9e année de l’ère Xiantong (11 mai 868) ». Environ 400 000 copies de Sutras ont été imprimées, ils pouvaient imprimer environ 2000 pages double face / jour.

Cependant, contrairement à la diffusion du papier, ces techniques d'impression ne se sont jamais propagées dans le monde islamique.
Dans le monde arabe, la gravure sur bois est apparue dans l'Égypte romaine au 4e siècle. Aux 9e/10e siècles, les techniques employées dans ces régions sont incertaines, mais ils auraient utilisé une technique d’impression par bloc de métal. Leurs procédés semblent avoir eu très peu d'influence en dehors du monde musulman. Bien que l'Europe ait adoptée la gravure sur bois du monde musulman, d'abord pour l'impression sur textile, la technique d'impression par bloc de métal est restée inconnue en Europe.
Ce procédé d’impression sortit de l’utilisation exclusivement islamique d'Asie centrale après que le système à caractères mobiles ait été introduit dans l'imprimerie par la Chine.

Ce n’est qu’au 15e siècle que le développement de l'imprimerie et des presses commença grâce au célèbre Johannes Gutenberg (germanique).
Il inventa les caractères mobiles en plomb de la typographie moderne. Son invention fut l’une des plus importante dans l’histoire de la diffusion des textes, et donc de la connaissance.

Vers 1450, Johannes Gutenberg a présenté ce qui est considéré comme une invention des caractères mobiles en Europe.
Gutenberg est le premier à créer ses pièces à partir d'un alliage de plomb, d'étain et d'antimoine - les mêmes composants encore utilisés aujourd'hui.

Les travaux de Johannes Gutenberg pour le développement d’une presse a commencé environ en 1436 quand il a établi un partenariat avec Andreas Dritzehn et Andreas Heilmann, propriétaire d'un moulin à papier.

Par rapport à la gravure sur bois, la mise en page de type mobile et l'impression en utilisant une presse est plus rapide et plus durable. Les pièces en métal étant plus robuste et le lettrage plus uniforme, cette invention conduit l’imprimerie à la typographie et des polices. La qualité et le prix relativement bas de la Bible de Gutenberg (1455) a établi la supériorité des caractères mobiles, et les presses d'impression se sont rapidement propagées à travers l'Europe, conduisant à la Renaissance, et plus tard partout dans le monde.
Aujourd'hui, pratiquement toutes les imprimeries utilisant des presses offset dérivent finalement de l'impression à caractères mobiles inventée par Gutenberg.
Cette invention fut un chamboulement pour le monde de l’imprimerie, mais elle est aussi considérée comme l'invention la plus importante du deuxième millénaire.

Aujourd’hui, plus de 45 trillions de pages (chiffres 2005) sont imprimées chaque année à travers le monde. En 2006, il y avait environ 30 700 sociétés imprimeries aux États-Unis. L’impression en ligne via Internet représentait environ 12,5% du marché américain de l’impression sur cette même année, selon le cabinet d'études InfoTrend / CAP Ventures.


L’impact de l'invention de l'imprimerie


L'impact religieux

Samuel Hartlib, qui a été exilé en Grande-Bretagne et enthousiaste à propos des réformes sociales et culturelles, a écrit en 1641 que « l'art de l'imprimerie va répandre la connaissance de sorte que les gens du commun, et que sachant que leurs propres droits et libertés, ils ne seront régis par l'oppression ».
Les ecclésiastiques et les gouvernements ont craint l’imprimerie qui permettra aux lecteurs, de toutes les classes de la société, d’étudier les textes religieux et les questions politiquement sensibles par eux-mêmes, au lieu d'avoir leurs médiations par les autorités religieuses et politiques.

Il a fallu un temps une longue période à l’imprimerie pour arriver en Russie alors qu'elle était déjà présente dans le reste du monde chrétien orthodoxe (y compris la Serbie, la Roumanie et la Bulgarie).
Le premier livre imprimé par les Serbes est apparu en 1493, mais l'impression de Serbie, ainsi que celle des autres pays des Balkans, a été largement éteinte par l'arrivée d'oppresseurs ottomans.
L'impression de textes musulmans, notamment en arabe ou en turc, a été fortement contestée tout au long de la période moderne, bien que l'impression en hébreu était parfois autorisée. Les pays musulmans ont été considérés comme une barrière pour l’arrivée de l'impression de la Chine vers l'Occident. Selon un ambassadeur impérial à Istanbul au milieu du 15e siècle, il a été considéré comme un péché pour les Turcs d'imprimer des livres religieux. En 1515, le sultan Selim I a émis un décret en vertu de laquelle la pratique de l'imprimerie serait punie de mort. A la fin du siècle, le sultan Murad III a permis la vente des livres non-religieux imprimés en caractères arabes, mais la majorité était importée d'Italie.

Les juifs étaient quant à eux très présents dans le monde de l’imprimerie, en commençant par les imprimeurs juifs d’Italie. Le premier livre hébraïque imprimé en Italie surgi à Rome en 1470, pour s'étendre ensuite à d'autres villes, y compris Bari, Pise, Livourne et Mantuba. Les dirigeants locaux avaient le pouvoir d'accorder ou de révoquer les licences de publier des livres en hébreu, et beaucoup de ceux imprimés au cours de cette période portaient les mots «con licenza de superiori » (indiquant que leur impression avait été autorisée par la censure) sur les pages de couverture.

On pensait que l'introduction du support d'impression permettrait de renforcer la religion et de renforcer le pouvoir des monarques, la majorité des livres étant de nature religieuse. Mais les conséquences de l'imprimerie n’ont pas forcément été positifs pour certain. Par exemple, William Carter, fit imprimer en 1584 une brochure pro-catholique dans une Angleterre dominée par le protestantisme. Par cette publication, il fut accusé de trahison pour avoir tenter de renverser le régime.
La large diffusion de la Bible a eu un impact révolutionnaire, car il a diminué la puissance de l'Église catholique comme le possesseur de l’œuvre et seule interprète de la Parole de Dieu.


L'impact social

L’imprimerie a donnée une plus large gamme de personnes ayant accès aux connaissances et a permis aux générations futures de s'appuyer sur les réalisations intellectuelles de leurs prédécesseurs. Imprimer, selon Acton dans sa conférence sur l'étude de l'histoire (1895), a donné « l'assurance que les travaux de la Renaissance allait durer, que ce qui serait écrit resterait accessible à tous, que cette occultation de connaissances et d'idées n’allait jamais se reproduire comme cela avait enfoncé le Moyen Age ».

L’imprimerie a contribué à changer la nature de la lecture au sein de la société.

Elizabeth Eisenstein identifie deux effets à long terme de l'invention de l'imprimerie. Elle prétend que l'impression créée une référence durable et uniforme de la connaissance et qu’elle permet également la comparaison entre des points de vue incompatibles.

Asa Briggs et Peter Burke identifier cinq genres de lecture qui se sont développés en relation avec l'introduction de l'impression :

• Lecture critique : lorsque les gens ont la possibilité de former leurs propres opinions sur les textes.

• Lecture dangereuse : la lecture a été considérée comme une quête dangereuse, car elle était considérée comme rebelle et farouche. Ce fut surtout le cas des femmes parce que la lecture pourrait attiser des émotions dangereuses comme l'amour.

• Lecture créative : l’impression permis aux gens de lire les textes et de les interpréter de façon créative, souvent de manière très différente de l'auteur.

• Lecture approfondie: imprimer a permis à un large éventail de textes de devenir disponibles. Avec des textes facilement accessibles, les gens ont commencé la lecture sur des sujets particuliers ou des chapitres, permettant une lecture beaucoup plus approfondie avec un large choix de sujets.

• Lecture privée : ce type de lecture est lié à la montée de l'individualisme. Avant d'imprimer, la lecture a souvent été un événement en groupe, où une seule personne faisait la lecture aux autres. Avec le développement de l’imprimerie, l'alphabétisation a augmentée tout comme la disponibilité des textes, donc la lecture est devenue une quête solitaire.

L'invention de l'imprimerie a également changé la structure professionnelle des villes européennes. Les imprimeurs ont émergés comme un nouveau type d'artisans pour qui l'alphabétisation était essentielle, tandis que le métier de scribe qui demandait beaucoup plus de mains-d’œuvre a diminuée. La correction s’est également imposée comme une nouvelle profession, et une hausse des libraires et des bibliothécaires a naturellement suivi l'explosion du nombre de livres.

Les procédés d’impression

On peut distinguer deux grands groupes ayant des besoins différents : l’un étant consacré à l’art (pour l’impression de photos, l’impression sur des supports artistiques tel que le bois ou la toile, etc.), l’autre à l’industrie (pour l’impression de journaux, magazines, livres, affiches, emballages, étiquettes et autres produits destinés à une production de masse).

L’impression pour l’art

Xylographie (ou gravure sur bois) : c’est le procédé d’impression le plus ancien. La feuille est pressée contre les blocs de bois encrés gravés à l'envers des symboles typographiques ou graphiques.
Cette technique est encore utilisée dans le monde de l’art, afin de donner un aspect simplifié avec des constates très importants.

L’impression numérique : également très utilisée pour l’art grâce à des presses numériques de très haute définition. Certaines permettent également l’impression sur des supports rigides.

Mezzo-tinto : ce type d’impression permet d’obtenir des rendus grainés, (et gris pour la plupart).

Lithographie : permet la reproduction de dessins exécutés à l’encre ou au crayon sur une pierre calcaire. L’œuvre réalisée est réalisée sur la pierre avec des crayons, plumes ou pinceaux lithographiques puis reproduit sur une feuille.

Sérigraphie : cette technique d'impression est une méthode au pochoir pour des imprimés avec une trame invisible et des couleurs extrêmement intenses, d’où son utilisation dans le monde de l’art. La sérigraphie est également un procédé très polyvalent. Le support n'a pas à être imprimé sous la pression, il peut donc s’agir d’un tableau mais aussi d’un vêtement ou d’un objet. Différentes encres peuvent être utilisées pour travailler avec une variété de matériaux, tels que le textile, la céramique, le bois, le papier, le verre, le métal ou le plastique. En conséquence, la sérigraphie est utilisée dans de nombreux secteurs différents.

L’impression pour l’industrie

Impression offset : L’offset est la technique d'impression la plus utilisée. Le visuel (imprimé sur une plaque) est accroché sur un cylindre porte-plaque et est transféré sur le papier par l’intermédiaire d’un cylindre en caoutchouc, appelé le blanchet. La technique offset s’emploie pour des supports d’impression plats et utilise la technique de la répulsion entre l’eau et le gras.

Imprimerie rotative : l’impression rotative est destinée à l’impression de journaux et à l’impression de grands tirages. Ce procédé a été inventé par Richard Hoe Mars en 1843 et a considérablement été amélioré plus tard par William Bullock. Les presses offset rotatives utilisent des bobines de papier et non des feuilles de papier comme la plupart des imprimeries en offset traditionnel. L’avantage d’une presse rotative est sa vitesse et sa capacité de production.

Flexographie : utilisée pour les emballages, les cartons, les sacs plastiques, les étiquettes, les journaux, etc.
Ce procédé d’impression très utilisé depuis environ 1970/1980 est de très bonne qualité. Cette technique est proche de la typographie (système de relief)

Impression numérique jet d'encre : utilisée généralement pour imprimer des photos, des courts tirages de livres, d’emballages ou de produits standards (plaquettes, impression cartes de visite, etc.).
Le jet d’encre est un procédé d’impression qui ne nécessite pas un contact direct avec le support, cela permet d’imprimer sur une grande variété de matériaux : impression sur papier, objets, etc.
Outre son large choix de matériaux, le jet d’encre est aussi une technique qui permet d’imprimer des grandes laizes de papier (laize = largeur).
Ce procédé est également utilisé pour imprimer les adresses des destinataires et / ou les adresses retour sur les enveloppes des mailings postaux (publipostage).

Impression numérique laser : utilisée principalement dans les bureaux et pour l'impression transactionnelle (factures, documents bancaires).
Dans les imprimeries ou chez les routeurs, l'impression laser est couramment utilisée pour imprimer des données variables sur des lettres ou autres produits personnalisés (carte postale, brochure, etc) souvent destinés à à un mailing postal (publipostage).

Tampographie : c’est un procédé d’impression indirect célèbre pour sa capacité unique à imprimer sur des supports complexes, avec des formes régulières ou non.
Très utilisée, par exemple, pour la signalétique, les appareils électroniques ou la plasturgie.

Héliogravure (ou rotogravure) : technique d’impression en creux, utilisée principalement pour les magazines, les emballages ou les timbres Poste. Ce procédé est adapté pour les très longs tirages et est apprécié pour sa haute qualité et la variété des supports qui peuvent être imprimés (impression sur papier, carton, plastique, tissu, etc.).

Sérigraphie : très appréciée pour l’intensité et l’opacité extrême de ses couleurs, cette technique d’impression est utilisée pour des supports plats ou en volume. La sérigraphie permet d’imprimer sur un très grand nombre de matériaux : papier, bois, carton, plastiques, impression sur textile, verre, métal, ou même sur les aliments ! Chaque encre est adaptée au matériaux à imprimer.



Pour consulter tous les termes liés à l'imprimerie et aux industries graphiques, rendez-vous sur le dictionnaire de l'imprimerie

Pour des informations sur l' impression numérique, voir l' article dedié de Print and Web.
Pour des informations sur l'impression et les finitions, voir l' article dedié de Print and Web.
Pour des informations sur les contrôles qualités, voir l' article dedié de Print and Web.